Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/260

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Elle ajouta avec un sourire coquet, en abaissant ses longs cils d’un air modeste :

— J’ai composé sur ce sujet un outa ; mais la poésie elle-même n’a pas pu me consoler.

D’un ton exquisement maniéré, elle récita le court poème, battant le rythme du bout de son éventail :


L’automne en fuyant

Avec les fleurs qu’il emporte,

A fermé la porte,

M’oubliant à demi morte,

Devant l’hiver effrayant.


— Je ferai illustrer cet outa par le plus fameux peintre du royaume, dit le prince ; mais ! hélas ! je ne suis pas dieu.

Lentement, il s’éloigna, plein de soucis.

— Il est certain qu’elle ne désire que le printemps, se dit-il.

Et il s’arrêta, pour écouter la bise aigre siffler au dehors.

Déjà le jour baissait. La prochaine aurore allait donc le prendre au dépourvu.

— Le printemps ! murmurait-il en se ras-