Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/284

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rer ; elle s’avança rapidement vers le pavillon, que l’ombre du cèdre couvrait de mille zébrures noires.

Sans hésiter, elle pénétra sous la galerie élevée de quelques marches, et posa la main sur le panneau à coulisse qui fermait l’entrée. Il ne résista pas à la poussée, glissa, sans bruit, dans la rainure ; par l’écartement, un flot de lumière bleue envahit la chambre.

Les deux amants étaient endormis aux bras l’un de l’autre, et, autour d’eux, la moustiquaire en gaze de soie verte les mettait dans un brouillard. Komati, immobile, les regardait avec une involontaire avidité : lui, pâle et comme attristé dans le sommeil, elle souriante, sous le long ruissellement de ses cheveux. Mais cette grande clarté qui emplissait la chambre l’éveilla soudain, et elle se dressa avec un cri qui éveilla son compagnon.

— Un fantôme ! gémit-elle en se serrant contre l’épaule de son amant.

— Komati ! s’écria le prince.

La douce lune, caressant de sa lueur les