Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/308

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quait, en s’efforçant de pleurer, l’image du bel étudiant, avec sa gracieuse stature, ses longs yeux noirs et sa bouche, vermeille comme une pêche mûre, s’imposait à son esprit.

En se levant, le matin, toute courbaturée, elle soupira à l’idée que ce jeune étranger allait repartir. Mais c’était l’heure de sangloter auprès du mort, de faire une libation et de présenter des offrandes ; et la princesse s’acquitta de ces devoirs.

À sa toilette, elle passa plus de temps qu’elle ne l’aurait dû ; et, très honteuse d’avoir laissé ses longs ongles entre les tuiles du toit, elle mit au bout de ses doigts les étuis d’or, comme s’il y avait eu encore quelque chose à protéger.

En redescendant, elle vit le domestique de Li-Tiu sortir de la chambre de son maître, le visage tout attristé.

— Noble veuve, dit-il, voici un contretemps fâcheux qui va vous contrarier beaucoup : ce jeune seigneur, mon maître, est sujet à des crises violentes, à cause d’une grave maladie