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M. ANTONIN MOINE.

d’accorder de nos jours à un artiste. Les hardies et heureuses modifications que Géricault et Delacroix ont apportées dans la peinture, Moine les a introduites dans la sculpture. Ils ont, les uns et les autres, tourné le dos à l'école de David pour entrer dans une école où le vrai sous toutes ses formes, dans toutes les conditions de temps et de lieu est le seul but vers lequel l’artiste doit diriger tous ses efforts et tous ses travaux. Quoique les occasions où Moine aurait pu déployer toutes les ressources de son talent aient été jusqu’à ce jour assez rares pour lui, il n’en a pas moins produit une série d’ouvrages aussi nombreuse que variée.

Les Lutins, exécutés en marbre pour le ministère de l’intérieur, forment un bas-relief d’un effet neuf et charmant. L’originalité, l’esprit, la malice, la grâce que révèlent le marbre ont suffi pour assurer à son auteur, de prime abord, une réputation distinguée. Le Lutin au griffon est conçu et exécuté dans le même genre. Dans ses médaillons, ses petites têtes d’hommes et de femmes, dans la Malibran, le Bonaparte, le Don Quichotte, les Consoles, les Cavaliers pour le surtout de Mgr le duc d’Orléans, on retrouve toujours dans la forme la même grâce, le même esprit, la même élégance que dans les œuvres précédentes. Suivant nous, depuis Jean Goujon, on n’a pas exécuté en France de bas-relief comparable à celui que Moine a modelé pour le Vase de Sèvres.