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M. ANTONIN MOINE.

de l’Église ! La légère ride qui sillonne son front nous indique ses regrets, car c’est l’Église militante ; beaucoup de ses enfants se sont échappés de ses bras, et elle attend dans une douloureuse résignation le retour des ingrats qui l’ont abandonnée.

Les yeux élevés vers le ciel, la bouche entr’ouverte, la Foi semble oublier cette terre, dont elle dédaigne les joies et les plaisirs, pour s’élever dans les régions infinies vers lesquelles la poussent ses immenses désirs d’amour et d’éternité.

L’Ange du jugement dernier, pour produire l’effet que l’artiste s’est proposé de lui faire exprimer, était mal placé à l’Exposition. Il faudrait le voir couronnant une chaire où un buffet d’orgues, et alors on pourrait juger du mouvement et de la vigueur empreints dans toutes fes parties de cette figure.

Certes, l’artiste qui, dans l’espace de six années, a produit tant d’œuvres diverses et aussi remarquables, mérite d’être noblement encouragé. Le gouvernement l’a appelé à lui ; c’est aux ministres à dignement occuper les journées d’un tel homme.

Antonin Moine est un des artistes dont notre siècle doit le plus s’enorgueillir ; un bel avenir se prépare pour lui ; en s’arrêtant devant un tel choix, les ministres honorent l’artiste honorent le pays et s’honorent eux-mêmes.

(La Charte de 1830, 2 février 1837.)