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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

des succès d’illusion que l’on n’aurait cru possibles qu’au Diorama ; ils ont surmonté avec un rare bonheur les difficultés presque invincibles qu’opposent à la magie des effets l’éclairage beaucoup trop vif de la salle et la construction de la cage de la scène. L’on ne saurait donner trop de louanges à la manière adroite dont ils ont éludé le système des coulisses qu’une routine absurde force encore de conserver dans nos théâtres, et ces abominables guenilles pendues à des cordes qu’on appelle bandes d’air.

On surprendrait beaucoup tous les progressifs de l’époque si on leur apprenait que les théâtres sont encore bâtis et machinés comme au temps du marquis de Sourdéac ; rien n’a été changé ni amélioré.

L’on donne à la scène une trop grande profondeur qui est parfaitement inutile ; avec la perspective aérienne et linéaire on a toute la profondeur qu’on veut. Ce qui manque à toutes nos scènes, même à l’Opéra, le plus vaste de tous nos théâtres, c’est la largeur et la hauteur. Il faudrait que la toile de fond, disposée demi-circulairement, fût plus rapprochée des acteurs, qui joueraient sur une espèce de proscénium, à la façon antique. La voix ne se perdrait pas dans tout cet espace inutile et serait répercutée du côté de la salle ; on n’aurait plus besoin de ces feuilles de paravent ni de ces torchons suspendus aux frises. Une salle construite sur forme d’arc