Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/12

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tion Campana, et pénétrons dans cette vaste salle qui est comme la tribune de l’école française. C’est là que sont rassemblés David, Gros, Guérin, Girodet, Gérard, les quatre G, comme on disait alors, et auxquels devait bientôt s’en adjoindre un cinquième… Géricault. Drouais, Regnault, Fabre, Prud’hon, madame Vigée-Lebrun, Sigalon, Decamps y figurent aussi. Delacroix y manque, mais la gloire doit faire antichambre quelques années avant d’être admise dans ce temple où la Postérité commence.

Si nous débutons par l’école française, c’est qu’elle est ici chez elle. En maîtresse de maison bien élevée, elle se tient au premier salon pour recevoir les visiteurs et les introduire dans ce vaste palais de l’art qu’elle mérite bien d’habiter, et où elle tient honorablement sa place parmi les chefs-d’œuvre de tous les pays et de toutes les écoles. On ne la gâte pas, d’ailleurs, cette pauvre école française. Ce n’est pas notre défaut, en France, de nous admirer nous-mêmes, et nous mesurons à nos illustrations la louange d’une main avare. Par une sorte de légèreté dédaigneuse qui est dans le caractère de la nation, nous dénigrons, pour n’avoir pas l’air d’y tenir, les belles choses indigènes : en aucune contrée le proverbe « nul n’est prophète en son pays » n’est plus vrai que chez nous. Ce que nous en disons, c’est pour expliquer comment le premier nom qui vient sous notre plume est le nom de David, au lieu d’être celui de Léonard de Vinci ou de Raphaël. Autrement on pourrait s’en étonner.

Deux grandes toiles de David occupent tout un pan