Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/23

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passionnément dans une vapeur bleuâtre sur les belles lèvres et la poitrine marmoréenne du dormeur. Un chien dort dans un coin du tableau. Un arc et un carquois gisent auprès d’Endymion. Il semble, toute proportion gardée, qu’Apelle n’eût point conçu autrement ce sujet. Sur le tronc du platane qui abrite le sommeil du bien-aimé de Diane, sont écrits deux mots mystérieux, dont le premier disparaît sous l’ombre des feuilles et dont le second présente en caractères grecs le mot AER. Que signifie, dans la pensée du peintre, cette inscription énigmatique, à demi voilée d’un clair-obscur mystérieux ? nous l’ignorons.

Atala au tombeau est une œuvre presque moderne. En traitant ce sujet romantique, Girodet a gardé toute son élégante pureté. Le père Aubry soutient le corps d’Atala, dont Chactas éploré embrasse les genoux, et qu’ils descendent dans la fosse creusée sous la voûte de la grotte. Atala, de ses mains pâles, presse contre sa poitrine un crucifix de bois noir et garde dans la mort une beauté suprême. Rien de plus noble, de plus pur, de plus touchant que cette tête et ce buste caressés d’un chaste pinceau. Sur la paroi de la caverne, on lit cette inscription qui est l’épitaphe d’Atala : « J’ai passé comme la fleur, j’ai séché comme l’herbe des champs. »

Près de la Bataille d’Eylau, on remarque le Marcus Sextus de Guérin, un tableau qui eut un succès politique, car on y voulait voir une allusion au retour des émigrés. C’est un proscrit de Sylla qui rentre dans sa famille et trouve sa femme morte. Morne, il