bliée. Les poètes aimaient beaucoup ce musicien qui respectait leurs paroles et ne dérangeait pas l’économie de leurs strophes savantes. Monpou aimait les rhythmes difficiles, et prétendait que les coupes peu usitées amenaient des motifs nouveaux. Bref, il a été l’un des nôtres et comme le Berlioz de la ballade.
C’était une joie quand il arrivait dans un de ces
ateliers de peintre qui alors servaient de salon aux
littérateurs, suivant le précepte d’Horace, Ut pictura
poesis, et chacun lui tendait une cigarette, qu’il jetait
à moitié fumée, pour se mettre au piano. Le
Monpou du théâtre fut moins romantique : chacun,
en passant cette porte qui conduit de la salle à la
scène, se courbe toujours un peu et y laisse quelque
lambeau de son individualité. Il obtint pourtant des
succès qui promettaient un heureux avenir ; mais
il mourut jeune encore, et n’ayant pas donné sa
mesure. Puisque son nom reparaît sur l’affiche,
nous en avons profité pour dessiner quelques traits
d’une physionomie originale qu’on a trop tôt oubliée
et qui avait bien sa valeur. La galerie romantique
offrirait une lacune si le médaillon de Monpou n’y
était suspendu, d’autant plus que cette école,
si fertile en poëtes et on peintres, l’était fort peu
en musiciens, nous ne savons trop pourquoi.
- 2 décembre 1867.