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LE FRUIT DÉFENDU.

— Je te ferai couper la langue ! » murmura Princesse-Blanche, en s’éloignant rapidement.

Sang-Yong s’était remis à saluer ; quand il releva la tête, la noble jeune fille avait disparu ; mais il put voir encore à travers les branches l’espiègle visage d’Ar-Tei qui lui souriait de loin.

Le libraire était ivre de joie. Malgré la robe noire qu’il dut remettre, il se croyait un mandarin véritable ; sa conviction fut à peine ébranlée lorsque, de retour dans la ville, il vit briller la grande enseigne de sa maison, où on pouvait lire, en caractères d’or :

« Quand les personnes honorables veulent acheter des livres, elles doivent regarder l’enseigne de cette boutique ; les marchandises y sont vendues à des prix vrais, on ne trompe ni les enfants ni les vieillards, dans la boutique de Sang-Yong, qui vend des livres de toute espèce. »

Sang-Yong ferma les yeux pour ne pas être distrait de son rêve ; il franchit à tâtons le seuil de sa maison, encombré de volumes, et courut s’enfermer dans sa chambre, entre les quatre miroirs complaisants. Là, tout le jour il pensa à la belle Princesse-Blanche, et, quand la nuit vint, il rêva