Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
LE FRUIT DÉFENDU.

qu’il épousait la fille de l’illustre Tchin-Tchan, après avoir été lui-même nommé gouverneur de Canton.

Le lendemain, avant la dixième heure, portant sous sa robe noire son magnifique habillement jaune, faisant triomphalement sonner ses semelles sur les dalles, il partit pour le petit bois de Cèdres, et sa joie était extrême. Mais le génie de la bonne fortune avait abandonné le libraire Sang-Yong.

Pour éviter les encombrements de la rue des Marchands-de-Lanternes, il avait pris par la rue des Chaudronniers ; un pli de sa robe accrocha un chaudron de fer qui pendait à la porte d’un marchand ; le chaudron roula dans la rue avec un bruit assourdissant, entraînant à sa suite une grande quantité d’ustensiles sonores. Le marchand parut sur sa porte en criant : « Au voleur ! » Derrière le marchand sortit un petit chien jaune clair, au nez pointu, aux oreilles droites, à la queue frisée et retroussée, qui lança un jappement aigu. Sang-Yong, effrayé déjà par le bruit des chaudrons, ne put s’empêcher, au cri du chien, de faire un mouvement en avant. Sans savoir pourquoi, il se mit à courir ; le chien jaune clair courut après lui avec des aboiements multipliés et furieux. Le marchand suivait le chien ; alors