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LE FRUIT DÉFENDU.

tous les marchands et tous les chiens de la rue parurent sur les portes, ceux-ci criant aux oreilles de Sang-Yong, ceux-là hurlant à ses jambes ; et bientôt le malheureux libraire eut à ses trousses un long cortège criard de bêtes et de gens. Hébété, étourdi, il courait toujours ; des soldats de police, brandissant leurs piques, s’étaient mis eux-mêmes à sa poursuite sans connaître le motif de cette course effrénée, et Sang-Yong crut devenir fou.

Tout à coup les clameurs qui retentissaient derrière lui, changèrent de nature ; on ne criait plus, on riait :

— « Voyez, voyez, disait-on ; il a une robe jaune ! »

L’infortuné sentit ses cheveux se hérisser, et sa natte frissonner derrière sa tête. En voulant le mordre aux jambes, les affreux chiens avaient saisi dans leurs petites gueules bleues la première robe du fuyard ; ils l’avaient déchiquetée, arrachée, dépecée, en secouant violemment leurs têtes dans tous les sens, et Sang-Yong était apparu dans sa splendeur, hélas !

C’est alors qu’il comprit la nécessité de fuir : il se lança en avant avec épouvante, les bras étendus, la bouche ouverte, et il ne se serait jamais arrêté. Mais