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ISOLINE

inondée de soleil ; en face, au delà des maisons, se découpait sur le ciel rasséréné la silhouette pittoresque de la tour de l’horloge avec son haut clocher pointu. Gilbert, ne sachant trop de quel côté il voulait aller, s’arrêta un moment sous le porche où le doigt du temps efface de plus en plus les quatre évangélistes sculptés en bas-relief avec leurs bêtes symboliques, et les bizarres fantaisies inscrites dans la pierre par des artistes inconnus. Il prit pourtant, tournant le dos à la tour de l’Horloge, la petite rue des Chauffe-Pieds, qui longe le flanc droit de l’église et, comme malgré lui, leva la tête en passant, attardant son regard dans les délicieuses déchiquetures du chevet, du milieu desquelles surgit le fin clocher, pareil à un lys renversé.

La place de la Duchesse Anne, qui s’étend derrière l’église, est le point de la ville dont les Dinanais sont le plus fier : c’est un jardin anglais, assez médiocre cependant, qui remplace un vieux cimetière abandonné, mais qui aboutit à un des plus beaux panoramas que l’on puisse voir. L’esplanade, qui termine ce jardin, est le sommet d’un ancien donjon ; coupée de grosses tours rondes et bordée d’un parapet de pierres qu’entaillent les meur-