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ISOLINE

qu’on ne l’était pas. Elle lui parlait alors de la séparation cruelle dont le terme approchait, et aux sanglots d’Isoline elle ne savait répondre que par des larmes.

Les sept ans passèrent pourtant et l’horrible séparation eut lieu. Il fallut arracher l’enfant cramponnée à sa nourrice en lui laissant dans les mains un lambeau de son jupon : elle eut des convulsions et pendant longtemps fut en danger de mort. Marie, de son côté, se mit au lit dans la cahute depuis sept ans inhabitée et que l’humidité dévorait. Par bonheur, son frère qui naviguait revint du service à ce moment : sans cela, elle fût morte privée de tout secours.

Damont se révolta là où sa sœur courbait la tête avec une soumission douloureuse ; il parla de la police. Ce baron à moitié fou n’avait pas le droit de martyriser une innocente, fût-elle ou non sa fille. Il s’emporta, jura tous ses jurons de marin en frappant du poing la table vermoulue ; mais sa sœur lui démontra qu’il n’y avait rien à reprendre légalement dans la conduite du baron ; il était libre d’imposer le système d’éducation qui lui convenait. L’intendant, homme froid et ambitieux, qui avait