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ISOLINE

Sans compter les chevaux de ferme, Isoline en vit trois. Deux percherons gris pour le carrosse et un cheval noir d’assez bonne race, mais alourdi par l’inaction.

— « Celui-là, » dit-elle.

Mathurin alla chercher une selle de femme et sella le cheval noir, puis il tint l’étrier.

— « Mais je ne sais pas monter, dit la jeune fille.

— Si Mademoiselle l’ordonne, je peux lui donner quelques leçons, dit l’intendant qui avait été autrefois très bon écuyer.

— Je le veux, » dit-elle.

Les leçons d’équitation eurent lieu dans le parc et Isoline, agile comme un gamin, fut bientôt rompue à cet exercice,

La première fois qu’elle sortit à cheval, le garçon d’écurie endossa une livrée, monta un des percherons et la suivit à distance. Elle alla devant elle sans s’éloigner beaucoup les premières fois, puis s’enhardissant fit de longues courses, s’enfonça dans les campagnes superbes, vit la mer.

Mais cet être disgracieux et sans volonté qui la suivait, à une distance toujours égale, l’impatien-