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TOKIO

bizarre : on dirait un jaune d’œuf pétri dans une tomate, avec du sucre, et quand il n’est pas de bonne qualité, il contient une essence résineuse qui vous fige la bouche de la façon la plus inquiétante.

Il n’y a pas encore d’ascenseur dans la grande tour à cinq étages, et la montée est assez raide dans l’escalier zigzaguant, où il fait très noir ; mais on est bien payé de sa peine lorsqu’on débouche, en plein ciel, sur la dernière plate-forme.

Un océan de toitures grises qui ondoie, ondoie jusqu’aux dernières limites de l’horizon, vous apparaît, coupé d’îles de verdure et de grands espaces clairs ; miroirs qui embrouillent tout, comme si des morceaux de ciel étaient par terre et que la perspective se continuât dans des gouffres : ce sont les rivières, les étangs, les canaux. Mais