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L’ORIENT.

cendier un peu, en manière de représailles, mais la pensée qu’on pourrait apercevoir les flammes à Beyrouth fit éteindre les torches, au grand regret des Maronites ; car le talion est la peine de la montagne, œil pour œil, dent pour dent.

Mais que devient pendant tout cela la pauvre Zeynab ? Elle est toujours à la pension de la bonne madame Carlès, où elle ne veut ni coudre, ni broder, ni faire œuvre de ses dix doigts, de peur de passer pour une servante, pour un odaleuk. Elle refuse également d’apprendre à lire et de cultiver les arts d’agrément, ce qui la rangerait parmi les almées, ou femmes de plaisir. Dans l’entêtement de ses idées orientales, pour maintenir sa position de cadine, elle s’obstine au plus parfait far niente. Sa conversion non plus ne fait pas de grands progrès ; et, bien que devant les images de Jésus et de la Vierge, elle dise d’un air respectueux Aïssé et Myrian, l’insurmontable aversion de l’islam pour les représentations de la figure humaine, la détourne du christianisme. En changeant de religion elle