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CHINOIS ET RUSSES.

L’on y a réuni, pour lui donner plus de couleur locale, les quelques sujets du Céleste Empire qui se trouvent à Paris. Ils sont là avec leur teint mat, leurs yeux bridés, leurs pommettes saillantes, leur longue queue nattée, leur physionomie enfantine et vieillotte, leur politesse cérémonieuse et leur sourire narquois, qui vendent de menus objets, tasses, écrans, boîtes, bâtonnets parfumés, araignées mécaniques, pierres de lard, pipes à opium, boules d’ivoire découpées enfermées les unes dans les autres, figurines grotesques en bois d’aigle ou en porcelaine. Mais ce qu’il y a de plus curieux, ce sont trois Chinoises des plus authentiques qui se tiennent au fond d’une espèce de cabinet, immobiles sur une estrade et séparées du public par un comptoir encombré de paquets de thé. Elles sont vêtues de longues robes de couleur sombre s’agrafant au col et qui ressemblent beaucoup aux étroites gaines que portent les femmes aujourd’hui. Leurs cheveux sont retroussés « à la chinoise », et rattachés au sommet de la tête par de grosses épingles à