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L’ORIENT.

le goût turc et persan, tout à fait digne d’un sultan ou d’un calife.

Il y a encore dans le vieux Tiflis quelques-unes de ces salles de rez-de-chaussée à demi souterraines, percées de deux rangs d’étroites fenêtres en ogive, grillagées de treillis, dallées de marbre et appelées derbazi, où la famille cherche un refuge contre les brûlantes chaleurs de l’été. Tiflis a aussi gardé de l’Orient les bains de vapeur et le massage.

De la Transcaucasie M. Gilles passe à l’Arménie, où sur les routes on commence à rencontrer de longues files de chameaux. Il voit l’Ararat, le mont sacré où s’arrêta l’arche de Noé et où la tradition prétend qu’elle est encore. Notre voyageur aurait bien voulu en tenter l’ascension, mais la saison était trop avancée ; il dut se contenter de regarder à distance la cime souvent encapuchonnée de nuages de la célèbre montagne. C’est sur un versant de l’Ararat que Noé planta, dit-on, le premier cep de vigne. Il visita, à Erivan, la charmante mosquée dite la Mosquée bleue, de la couleur de sa coupole et de ses orne-