Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
L’ORIENT.

Personne n’a oublié Zeynab, la Javanaise au teint jaune, aux cheveux couleur d’acajou sombre, à la poitrine tatouée de soleils et de signes cabalistiques, à la narine percée par la boutonnière d’un anneau et que Gérard acheta cinq bourses du djellab Abd-el-Kerim, pour se soustraire au soupçon d’immoralité qui ne manque pas d’atteindre au Caire quiconque vit dans le célibat, et aussi un peu pour entrer dans l’intimité de la vie orientale si hermétiquement fermée au touriste. On se rappelle quels embarras causa naïvement à son maître cette pauvre esclave imbue des préjugés de sa race et rebelle à toute tentative de sociabilité européenne. Qui n’a souri aux scrupules de conscience qu’expose dans sa parfaite bonté de cœur ce cher Gérard empêtré et charmé de son acquisition, mais craignant d’avoir, par un caprice d’artiste, pris la responsabilité d’une existence innocente ? Connaissant nos opinions turques à l’endroit de la femme, il nous avait même écrit de Beyrouth pour nous proposer sa cadine, la certifiant d’un ton d’ambre à con-