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L’ORIENT.

religion d’été, notre touriste, baigné de sueur, ne voulut pas pénétrer sous les voûtes fraîches du sanctuaire et se contenta de suivre les cérémonies de la porte. L’office se célébrait en syriaque et les prêtres vêtus de raides dalmatiques avaient l’aspect de ces saints grecs encastrés dans des champs de mosaïque d’or.

Le village de Bethmarie, où l’on ne tarda pas à arriver, après avoir traversé des ravins à pierres tranchantes, quelques lambeaux de sables stériles, des bois de pins et des plants d’olivier, se dresse sur un plateau d’où l’on aperçoit d’un côté la mer et de l’autre une vallée creusée en abîme, d’où émergent, à travers la vapeur bleuâtre du lointain, les cimes d’autres montagnes formant un nouveau contre-fort.

Une vingtaine de maisons disséminées sous les arbres présentaient l’aspect d’un de nos villages du Midi. L’une d’elles, au toit effondré, aux solives charbonnées, indiquait un incendie récent. Les Druses, profitant d’une noce qui rassemblait dans cette enceinte une assez nombreuse compagnie de Maronites,