Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
L’ORIENT.

c’était le vrai motif de sa détention plutôt que le refus de l’impôt, délit commun à presque tous les chefs druses. Gérard l’alla visiter dans sa prison, qui n’était pas un cachot à voûte surbaissée, mais une suite de chambres blanchies au lait de chaux et semblables aux habitations ordinaires du pays, — à cette différence près que des soldats en gardaient la porte. Le cheick prenait sa captivité en patience, et il reçut Gérard avec cette gravité polie des Orientaux qui ne s’étonnent ni ne s’offensent de la curiosité européenne. Il ne se doutait certes guère que ce visiteur fût un aspirant à la main de sa fille. Le chef druse parlait assez aisément l’italien pour soutenir une conversation en cette langue.

Quand le serviteur eut apporté le café et une pipe pour l’étranger, car Séid Eschérazy, en sa qualité d’homme austère, ne fumait pas, et que Gérard, installé sur le divan, put considérer le cheick avec attention, il ne put se défendre d’un certain embarras. Le père de Salèma ne paraissait guère plus âgé