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L’ORIENT.

rôme a rendue célèbre. Ce salut a quelque chose de solennel et de primitif. Dans son humilité apparente, il garde cette grâce digne et sérieuse qui caractérise les manières des Orientaux.

Après cette cérémonie, les artistes se relèvent et les exercices commencent. Les Japonais ont le dessus de la tête rasé de façon à laisser vers chaque tempe une masse de cheveux. Ces cheveux sont d’un noir intense, car il n’existe dans l’extrême Orient ni cheveux blonds ni yeux bleus. Leur teint est basané ; des nuances de cuivre s’y mêlent à un fond de pâleur olivâtre. Les paupières se retroussent légèrement à l’angle externe, les pommettes sont saillantes et le nez ne se détache pas beaucoup du profil. Sur la bouche aux lèvres violettes, voltige un sourire narquois, et les yeux, semblables à des clous de jais, pétillent d’intelligence. Ce n’est pas la beauté, mais ce n’est pas non plus la laideur, et chez les femmes, ce type, en prenant de la finesse, devient gracieusement bizarre et d’un charme indéfinissable. L’esthétique de