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L’ORIENT.

blic a eu le bon goût de faire cesser. Pourquoi, en effet, mêler à ce spectacle rare, exquis, exotique, étrange, les vulgaires rengaines des trombones et des cornets à pistons ? Il eût mieux valu laisser aux Japonais leur musique si originale, leurs guitares grattées avec un plectrum comme les lyres antiques, et leurs plaintives cantilènes.

Nous ne pouvons pas raconter tous les tours exécutés par ces prodigieux équilibristes qui semblent détachés des peintures sur laque et vivre en dehors de l’équilibre et de la perspective d’une vie aériennement chimérique, mais nous indiquerons avec quelque détail les plus surprenants.

Un des gymnastes se renverse sur un petit matelas la tête en bas, les pieds en l’air, à la façon des acropedestrians américains ; deux servants lui posent sur la plante des pieds une machine singulière semblable à un immense éventail ouvert dont on n’aurait conservé que les principales branches. Les deux montants sont rejoints par une étroite plateforme de bambou recouverte en papier.