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L’ORIENT.

les omnibus de la maison Waghorn et compagnie pour traverser le désert de l’isthme de Suez, le bateau à vapeur d’Aden et les cancrelas qui dégoûtaient si fort le prince S*** dans les steamers qui vont à Calcutta, sans compter les hépatites jaunes, les choléras bleus, les pestes mouchetées de noir, les crocodiles verts, les tigres rubanés, et autres fléaux pleins de couleur locale. Nous les aurions volontiers encourus, mais nous ne sommes pas maître en cette fantaisie.

Si nous disions que nous n’avons pas jeté un seul coup d’œil sur le reste de l’exposition, nous attirerions sur notre tête le mépris des industriels, des négociants, des utilitaires et des philistins de toutes sortes. Telle est cependant la vérité. Nous avons passé sans un regard à travers ce troupeau de monstres de cuivre et d’acier, mastodontes et mammouths de l’industrie, qui agitent leurs bras tronqués, soupirent avec leurs poumons de fer et semblent emprunter à la vapeur l’inquiétude et la respiration de la vie, dans cette agitation furieuse et froide