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L’ORIENT.

qui dédaignerons cette race de métal destinée à remplacer les prolétaires et à relever l’homme de l’antique malédiction du travail manuel ; mais assez d’autres ont loué ces prodiges, et des voix plus savantes que la nôtre en ont expliqué les mystères, pour qu’un peu de caprice nous soit permis ; d’ailleurs nous ne sommes pas de ces Janus dont le masque tourné vers l’avenir a les yeux crevés, et qui ne voient que par le masque tourné vers le passé ; nous ne poussons pas, au milieu d’un siècle, le plus grand que les évolutions des temps aient amené, des gémissements élégiaco-romantiques, et nous comprenons, quoique artiste, la beauté de notre époque, bien que souvent la fantaisie nous ait poussé vers les temps et les pays barbares où persiste l’individualité locale de l’homme.

Aussi, l’on comprendra cet enivrement, cette infatuation que nous cause l’idée seule de l’Inde. Depuis notre enfance, nous avons regardé avec une curiosité avide et superstitieuse toutes les gravures, tous les dessins, tous les recueils qui se rapportent à cette