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L’INDE.

vres péons il doit avoir dévorés sur les routes ! Et cette panthère noire de Java, sombre comme la nuit, effrayante comme un chat cabalistique, qui ne laisse briller dans l’impénétrabilité des bois que deux phosphorescentes prunelles de hibou ! En un bond, elle va vous sauter sur les épaules et vous enfoncer dans le cou ses dix poignards de corne ! Sans être Cuvier, il est facile de reconstruire, à l’aide de ces massacres aux cornes démesurées, le buffle hideux qui se cuirasse de vase dans les flaques de pluie, sous les ramures léthifères des opaques forêts de Ceylan.

Quand on a vu, sur ces jolis encriers et ces charmantes boîtes peintes qui nous viennent des Indes, quelques-unes de ces chasses vernissées où des princes en robe rose et à figure de femme poursuivent des antilopes, des daims mouchetés et des daims blancs, avec des guépards pour chiens, on peut aisément ressusciter ces peaux mégissées et les faire courir dans les rizières ou les plaines de sable, autour de Madras ou d’Allahabad. Ces trompes préparées, est-ce le nez de Ga-