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L’INDE.

guilloché, filigrane ces ornements infinis, si nets, si opiniâtrement suivis, malgré leur complication dédaléenne. Benvenuto Cellini, Henri d’Arfé, Vechte n’ont pas fait mieux dans leurs merveilleuses orfèvreries. Et quelle admirable entente de la couleur ! comme un fil d’argent adoucit à propos l’éclat trop fauve de ce galon d’or ! comme un champ mat fait ressortir un filet bruni ! comme une pierre enchâssée avec bonheur rompt une plaque de lumière trop diffuse ! Les nuances les plus vives et les plus violemment opposées se marient sans effort dans un flamboiement général.

En posant en idée sur le dos de quelque vigoureux coursier du Scind ou du Népaul, à la queue et à la crinière teinte de henné, ces monceaux d’or et de pierreries, en y asseyant un Européen en bottes vernies, en pantalon noir, en habit à queue de morue, en chapeau à tuyau de poêle, on obtient une caricature tellement grotesque, l’écuyer fût-il le vicomte d’Aure, Baucher ou Victor Franconi, que l’on en rit involontairement tout