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L’INDE.

de la soie, des nuances d’opale du burgau, des moires splendides et de l’or bleu du paon. Il ne dédaigne rien, pas même le clinquant, pourvu qu’il jette son éclair ; pas même le cristal, pourvu qu’il jette son feu. Il faut qu’à tout prix il brille, il étincelle, il reluise, qu’il lance des rayons prismatiques, qu’il soit flamboyant, éblouissant, phosphorescent. Il faut que le soleil s’avoue vaincu.

Ces ouvriers, c’est-à-dire ces grands artistes, seraient gens à vouloir tisser la lumière électrique, s’ils la connaissaient : et dans ces irradiations, ces effluves, ces feux croisés, ces folles bluettes, ces iris, ces feux follets du spectre solaire qui dansent sur ces écrins tramés, sur ces mines de Golconde et de Visapour taillées en robes, en châles, en turbans, en écharpes, jamais le dessin ne se perd une minute, jamais l’ornement qui circule à travers ces incendies n’altère son élégance ou sa légèreté ; tracé sur un papier par une simple ligne noire, il ne serait pas moins précieux. L’on ne pourrait pas dire à l’ouvrier indien comme au mauvais peintre d’Athènes : « Ne