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L’ORIENT.

puérile, petites merveilles sculptées sur ivoire, ébène, noix de coco, coquille d’œuf ; des corbeilles, des boîtes en corne, en écaille, en paille ; des tissus en fibres d’aloès ou de plantain ; des dentelles d’or et d’argent plus délicates que des réseaux d’araignée ; des coutelleries féroces rappelant les kriss malais ; des modèles de voitures et de palanquins ; des pagodes en miniature venant de Columbo, des arrosoirs à parfum, des nattes de mille couleurs aussi fines que les étuis à cigares de Manille, toutes ces industries naturelles où excellent les nations primitives.

Si ce n’était un sacrilège de placer ici les îles Ioniennes, ces perles du collier de la Grèce égrenées sur l’azur des mers, et de ranger sous cette étiquette le pays pour qui jadis toute la terre, fut à bon droit barbare, nous dirions que Zante, Céphalonie et Corfou sont représentées au Palais de Cristal par une robe grecque d’un travail charmant, des bracelets d’argent qui portent, écrites dans ce caractère qui est celui de l’Iliade deux inscriptions : « Je serre comme l’amitié sans fraude »