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L’ORIENT.

plicité : un tapis, un divan bourré de coton composent l’ameublement de ces personnages splendides, aussi richement habillés que le paon. Un cavalier porte sur lui et sur son cheval toute sa fortune, et tel a une selle de dix mille francs qui couche par terre sur un rouleau de natte et se nourrit d’une poignée de riz ou de dattes. Le confortable, qui serait peut-être une gêne dans les pays chauds, n’existe pas pour eux ; la beauté y passe avant la commodité.

Aussi cette exposition turque, qui vous transporte en plein Londres dans le bezestan de Constantinople, a-t-elle l’air du vestiaire d’un conte oriental. Ce ne sont que velours, satin, soies rayées, brocart d’or ou d’argent, mélanges des couleurs les plus fraîches et les plus tendres, gazes lamées, mousselines scintillant sous une pluie de paillettes, pantoufles, blagues à tabac, sachets brodés ; à chaque instant l’écarlate disparaît sous l’or, l’azur sous l’argent, et des fleurs de pierreries s’épanouissent sur des champs de lumière : voilà des machlas de Damas, des zébrures