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L’ORIENT.

magées de dessins en similor d’un goût merveilleux ; des glands de Fez, des jarretières de soie et d’argent, des courtes-pointes cramoisies, piquées d’or, sous lesquelles se tapissent les odalisques frileuses, lorsque la brise, venant de Russie, souffle par les treillis vernissés. La laine, le feutre, le drap qu’on parvient à distinguer quelquefois sous la floraison touffue des broderies, montrent qu’on a affaire avec un Orient moins torride et plus voisin de notre Europe. Le goût général, quoique magnifique, montre qu’on n’a pas toujours sur la tête un soleil chauffé à blanc, et n’indique pas cette lutte désespérée contre la lumière, dont nous parlions tout à l’heure à propos de l’Inde.

Tunis est plus sombre encore de dorures. De belles draperies blanches, de larges rayures de couleurs tranchées, des armes plus féroces et moins chargées de bijoux, indiquent l’approche du désert, la rude nature africaine, les courses effrénées dans le sable ardent ; c’est la beauté mâle et nerveuse de l’Arabe, qui vit sous la tente de poil de cha-