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L’ORIENT.

cette jeune figure militaire si fine, si douce et si résolue à la fois, dont les yeux d’azur ressortent au milieu d’un teint hâlé, et qui porte un bout d’épaulette cousu à un manteau blanc, liséré de couleurs comme une capa de muestra espagnole. Quelle charmante créature que cette jeune paysanne allant chercher de l’eau au puits, chargée d’amphores comme Rebecca ou Nausicaa ! Sa tête, pure et douce, est encadrée dans les plis violets d’une étoffe nouée sous le menton ; un jupon rose dépasse sa robe bleu foncé, une écharpe blanche, striée à son extrémité de raies rouges et bleues, pend gracieusement de son épaule. — Quant aux pieds, ils sont nus, ressemblance de plus avec la Bible et l’Odyssée.

Des Hongrois de la plaine, nous passons aux races slaves et hongroises des Karpathes. Le premier qui se présente est un serrechaner du régiment frontière d’Ottochaz ; le type et le costume sont tout à fait différents : c’est un mélange hybride de chrétien et de musulman ; une veste turque cramoisie, un bur-