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L’ORIENT.

ment compliqué, et qu’on croirait, dans son élégance barbare, dessiné par un costumier de théâtre.

Pour faire opposition à ce gaillard farouche, esquissons, d’après M. Valerio, les portraits de trois femmes de Bosnie (population catholique). — La première de ces beautés, si l’inscription tracée au bas de la feuille n’indiquait le contraire, a plutôt l’air d’une odalisque échappée au harem d’un pacha que la femme d’un chrétien : une calotte blanche bordée d’un galon noir et constellée de plusieurs rangs de pièces d’argent trouées se détachant sur une strie rouge, emboîte exactement le haut de sa tête, laissant libre le lobe des oreilles, derrière lesquelles pendent deux, longues tresses de cheveux ; cette coiffure, presque semblable à un casque, sied admirablement à cette physionomie noble, triste et douce, qu’éclairent deux yeux gris rêveurs, surmontés de sourcils d’un arc si pur, qu’ils semblent avoir été régularisés par le surmeth ; l’Orient et l’Occident se donnent un baiser sur les lèvres d’un tendre incarnat, et la pla-