Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
LE DANUBE.

France, comme en Bohême, vous les retrouvez accroupis autour du chaudron où se prépare leur cuisine primitive : ces Tsiganes des Carpathes et de la Hongrie, nous les avons vus au barrio de Triana de Séville, à l’Albaycin de Cordoue, au potro de Cordoue, à la playa de San Lucar, avec le même teint de cuir tanné, les mêmes cheveux bleus, les mêmes yeux d’aigle, les mêmes haillons pittoresques.

M. Valerio a reproduit à merveille ces visages de bistre, au nez busqué, que trouent, comme des jets de flamme, des regards d’une clarté et d’une fixité inquiétantes, et autour desquels se tordent en fines annelures d’étroites mèches d’un noir de jais, rebelles au peigne et au fer ; ces cols et ces poitrines d’un brun violâtre, qui semblent avoir été brûlés par le soleil caustique de l’Inde et en garder l’empreinte indélébile. Quels tons fauves, rances, déteints et rompus il a su trouver pour ces sordides défroques, où pointe cependant à travers la misère une velléité de coquetterie sauvage ! Parmi les