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LE DANUBE.

Turquie, avait amené sur les bords du Danube une partie des populations mahométanes de l’Asie et de l’Afrique ; si les armées composées de la sorte laissent à désirer sous le rapport de la discipline, elles sont faites pour charmer l’artiste par leur étrangeté pittoresque. Dans ces bandes irrégulières on trouvait pêle-mêle des Arnautes, des Zebecks, des Anatoliens, des Kurdes, des Arabes de Damas, des Égyptiens, des Nègres de la haute Égypte, du Sennar et du Darfour, des hommes de l’Yémen, et même des Indiens ; toutes les nuances possibles de l’épiderme humain, à partir du blanc olivâtre jusqu’au noir le plus sombre, en passant par le brun, le hâlé, le jaune, le cuivré et leurs décompositions ; toutes les armes sauvages et barbares, depuis le long fusil incrusté de nacre et de corail jusqu’à la zagaie et au bouclier de cuir d’hippopotame : yatagans, kandjiars, kriss, masses d’arme, pistolets à pommeau d’argent, panoplies bizarres dont les amateurs ornent à prix d’or leur cabinet, et qui sont encore en usage parmi ces hordes en-