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L’ORIENT.

verselle comble une lacune de l’histoire et révèle un pharaon nouveau.

La figure restait cachée encore sous son masque de linge et de bitume qui ne se détachait pas aisément, car il avait été noué pour un nombre indéfini de siècles. Sous la pesée du ciseau un éclat s’enleva et deux yeux blancs aux larges prunelles noires brillèrent avec une vie factice entre des paupières couleur de bistre. C’étaient des yeux d’émail comme on en mettait aux momies soigneusement préparées. Ce regard clair et fixe dans cette face morte produisait un effet assez effrayant. Le cadavre semblait considérer avec une surprise dédaigneuse les vivants qui s’agitaient autour de lui. Les sourcils se distinguaient parfaitement sur l’arcade évidée par le retrait des chairs. Le nez, nous devons l’avouer, ce qui rendait Nes-Khons moins jolie que Tahoser, était rabattu du bout pour cacher l’incision par laquelle on avait vidé le crâne de sa cervelle et une feuille d’or était plaquée sur sa bouche comme le sceau de l’éternel silence. Ses cheveux très-fins,