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L’ORIENT.

sion entre l’Afrique et l’Asie, dont les pentes viennent y mourir en courbes insensibles. Cette agrafe qui relie les deux continents n’a qu’une trentaine de lieues tout au plus. Un simple bout de fil. Aux temps anté-historiques, la Méditerranée et la mer Rouge devaient communiquer ensemble. Cette dernière du moins s’avançait et prolongeait sa corne jusqu’au fond des lacs Amers, où elle a laissé de profondes couches salines et des vases pâteuses encore.

Ce faible obstacle, cette mince langue de terre à peine perceptible sur la carte, forçait depuis des siècles les navires à contourner l’énorme continent de l’Afrique, allongé en pointe vers le pôle austral et mettait par rapport aux nations européennes l’Inde et la Chine au bout du monde ; l’extrême Orient se reculait dans un lointain presque fabuleux. Il n’en a pas toujours été ainsi. Sésostris avait eu l’idée de rejoindre les deux mers, non pas en coupant l’isthme, mais en faisant creuser un canal qui partait de la branche pélusiaque du Nil près de Bubaste, et abou-