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L’ORIENT.

foule affairée, à travers cet encombrement de chevaux, d’ânes, de chameaux et de véhicules de toute espèce, nous craignions pour notre bras, si récemment raccommodé, quelque heurt fâcheux. D’ailleurs, nous devions, le lendemain même, à neuf heures du matin, prendre la voie ferrée pour le Caire, et nous avions besoin, pour réparer nos forces, d’un peu de repos sur un plancher moins mobile que celui du navire. Nous restâmes donc là, admirant le bleu glauque de la mer, assis dans notre fauteuil, jusqu’à l’heure du dîner, qui fut servi dans une immense verandah ornée de lataniers et de plantes tropicales aux larges feuilles, aérée par les brises de la rade, sur laquelle ses baies prenaient jour.

Des domestiques en habit noir, cravatés de blanc, aussi corrects de tenue que ceux de l’hôtel de la Paix, circulaient avec un empressement silencieux autour de la table, en fer à cheval, garnie de convives affamés, dont la plupart n’avaient rien mangé depuis Marseille. Ils prenaient les plats des mains des serviteurs indigènes, en robe longue et en