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ÉGYPTE.

turban, qui les apportaient de l’office ou de la cuisine ; de nombreuses bouteilles, coiffées de capsules en paillon brillant, plastronnées d’étiquettes pompeuses, et portant des noms de grands crus, se succédaient rapidement et ne démentaient pas trop leurs illustres attributions. Chacun était visiblement heureux de n’avoir plus devant lui une assiette fixée entre deux coulisseaux, et de pouvoir porter son verre à sa bouche sans qu’un coup de roulis lui en fît répandre le contenu dans sa barbe ou dans son gilet. On formait de joyeux projets, et l’on s’enthousiasmait d’avance pour les merveilles qu’on allait voir. Les cigares allumés, le café pris, les voyageurs s’en allèrent par petites bandes parcourir les vieux quartiers de la ville, toujours les plus pittoresques, et se donner le spectacle si curieux d’une ville orientale la nuit.

Tout le monde fut sur pied de bonne heure, et chacun se lesta, qui d’une tasse de café, qui d’un bol de bouillon ou de thé, qui d’un morceau de viande froide, selon son appétit. Le vrai déjeuner devait avoir lieu en