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L’ORIENT.

route, à une station. Les calèches accoururent, et l’on se dirigea vers le chemin de fer, dont le terminus se trouve à l’autre bout de la ville. Dans le trajet, notre curiosité tâchait de se dédommager de ses privations de la veille. Aux maisons de ce style italien-oriental que nous devions retrouver si souvent, se mêlaient des cahutes bâties de matériaux disparates, des boutiques et des cafés, et des cabarets, historiés d’enseignes en italien, en anglais, en français, en arabe, en grec, que nos souvenirs de collège nous permettaient de déchiffrer, quand la voiture, retardée par quelque encombrement, n’allait pas trop vite. Nous suivions une nouvelle voie, récemment ouverte à travers une forêt de dattiers, dont les racines, parfois mises à nu, s’accrochaient bizarrement aux talus de la tranchée.

Quelques-uns de ces beaux arbres, ébranlés parla pioche, penchaient d’une façon hasardeuse, d’autres restaient debout comme les dernières colonnes d’un temple ruiné. Sur la chaussée, parmi des flots de poussière, passaient