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L’ORIENT.

toujours un effet heureux : « Un lac, c’est le contraire d’une île ; une tour, c’est le contraire d’un puits ; un aqueduc, c’est le contraire d’un pont, » dit Gubetta à madame Lucrèce, dans son style antithétique. L’aqueduc porte la rivière sur ses arches, dont le vide encadre des fuites bleues de paysage. Rien ne donne à l’horizon un aspect plus monumental. La Campagne romaine en est la preuve.

Le chemin passe d’abord sur une étroite langue de terre sablonneuse qui sépare le Baheirehma’adieh, ou lac d’Aboukir, du lac Mariout, l’ancien lac Maræotis, envahi maintenant par l’eau salée. Quand on monte vers le Caire, on a le lac Mariout à sa droite et le lac d’Aboukir à sa gauche. Le premier s’étale comme une mer entre des rives si basses qu’elles disparaissent, ôtant aux yeux le moyen de mesurer la grandeur du lac, qui se fond avec la ligne de ciel.

La lumière tombait d’aplomb sur ces eaux plates, et y semait des scintillements de paillettes d’un éclat fatigant. Dans d’autres en-