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L’ORIENT.

leurs entrailles d’un rose vif, ponctuées de pépins noirs. Les femmes vont et viennent, retenant le bout de leur voile avec les dents, de manière à se masquer la moitié de la figure, et portent sur leur tête des gargoulettes de Thèbes ou des vases de cuivre, avec des élégances et des galbes de statue, tandis que les hommes, accroupis à terre ou sur d’étroits tapis, les genoux au menton et formant un angle aigu comme les articulations reployées des sauterelles, dans une pose impossible à tout Européen, et rappelant ces juges de l’Amenthi rangés par files les uns derrière les autres sur les papyrus des rituels funéraires, gardent cette immobilité rêveuse si chère aux Orientaux, quand ils n’ont rien à faire, car le mouvement, sans autre but que de se donner de l’exercice, comme l’entendent les chrétiens, leur paraît de la folie pure.

Des dromadaires, agenouillés sous leur charge, allongent leurs longs cols sur le sable, immobiles sous le soleil cuisant, isolés ou groupés en rond ; des ânes, dont quelques-