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L’ORIENT.

de se souvenir qu’ils comptaient parmi leurs aïeux l’aboyeur Anubis « latrator Anubis », se promenaient entre les groupes, mais sans prendre le moindre intérêt à ce qui s’y passait.

Les liens qui, en Europe, rattachent le chien à l’homme, n’existent pas en Orient. Son instinct social n’a pas été développé, on n’a fait aucun appel à ses sympathies : il n’a pas de maître et vit à l’état sauvage, au milieu de la civilisation. On ne lui demande pas de services, mais on n’en prend pas soin. Il n’a pas de domicile et demeure dans des trous qu’il creuse, à moins qu’il ne s’établisse au fond de quelque tombeau entr’ouvert. Nul ne s’inquiète de sa nourriture, et il y pourvoit lui-même, se repaissant de charognes et de détritus sans nom. Il y a un proverbe qui dit que les loups ne se mangent pas entre eux : les chiens d’Orient sont moins scrupuleux, ils dévorent très-bien leurs confrères malades, blessés ou morts. Cela nous semble singulier de voir des chiens qui ne font aucune avance, qui ne recherchent pas