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L’ORIENT.

comme un écueil qu’il s’efforce de recouvrir, l’îlot de terre cultivée, entouré et battu d’une écume poussiéreuse. En Égypte, tout ce qui reste au-dessus du niveau de l’inondation est frappé de mort. Il n’y a pas de transition ; où cesse Osiris, Typhon commence. Ici la plus luxuriante végétation ; là, pas une pointe d’herbe, pas une plaque de mousse, pas une de ces plantes folles qui se hasardent dans la solitude et l’abandon ; c’est du grès pilé sans mélange de terre. Eh bien ! qu’une goutte d’eau du Nil y tombe, et ce sable aride verdoiera aussitôt. Ces zones, couleur de saumon pâle, faisaient un heureux contraste de ton avec les teintes vigoureuses de la grande plaine de verdure étalée devant nos yeux.

Bientôt nous rencontrâmes un autre bras du Nil, la branche phanitique, qui se jette dans la mer près de Damiette ; le chemin de fer la traverse, et de l’autre côté se trouvent les ruines de l’ancienne Athrybis, auxquelles s’est superposé un village fellah. Le train marchait rondement, et bientôt vers la droite,