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ÉGYPTE.

resta un moment immobile et comme étourdie, puis, réchauffée peu à peu par les rayons du soleil et la température de la dalle sur laquelle se déroulaient ses anneaux inertes, elle commença à se mouvoir lentement, à s’étendre, à redresser la tête et à regarder autour d’elle d’un air irrité, faisant vibrer sa langue fourchue entre ses lèvres plates, puis son cou se gonfla, et deux poches volumineuses se dilatèrent près de la tête. Elle se lova et rappela tout à fait, par son attitude et le renflement de ses bajoues, l’uræus sacré qui figure si souvent sur les corniches des temples, les parois des pylônes et le pschent des dieux et des pharaons. Cela fait un assez singulier effet de voir vivant et s’agitant devant soi un reptile qu’on avait été tenté de prendre jusque-là pour un symbole hiéroglyphique. Les anciens sculpteurs égyptiens avaient admirablement saisi le caractère de l’animal, et leurs représentations d’uræus pourraient servir de modèle aux gravures d’un livre d’histoire naturelle.

Le psylle, quand il vit son sujet bien ré-