Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/25

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ACROBATES INDIENS

Pourquoi ne pas avouer notre plaisir ? Nous avons passé cette semaine, au cirque d’Hiver, une soirée délicieuse. Au cirque ! diront les esprits sérieux ; vous voilà bien avec votre goût pour les athlètes, les funambules, les équilibristes, les écuyers, les écuyères, les clowns, et les montreurs de bêtes savantes. Vous ne vous dérangeriez pas s’il s’agissait d’une tragédie ou d’un drame philosophique ? Cela est bien possible, surtout si le ciel, consulté à travers la vitre, nous montrait une lune jaune roulant sur les nuages noirs comme la tête de mort d’Yorick sur les mottes de terre du cimetière d’Elseneur, si l’aigre et maussade bise de novembre bougonnait dans le squelette des arbres faisant mieux apprécier la douce chaleur de la chambre où s’allonge