Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
L’ORIENT.

quent sans doute des affleurements de marbres, de granits, de porphyres diversement nuancés, étonnent et déroutent le regard. Le peintre qui s’essaie à les rendre sait d’avance qu’on ne croira pas à la fidélité de sa reproduction, car la nature doit avoir sa vraisemblance comme l’art. Il y a des effets vrais sans doute, mais par trop singuliers, dont il vaut mieux, peut-être, s’abstenir. Nous ne disons pas cela pour des artistes voyageurs qui se sont donné pour mission d’insister sur les côtés excentriques des côtes lointaines qu’ils parcourent. Ces montagnes ont vraiment l’air d’être tombées comme des aérolithes d’une ancienne planète brisée en éclats. La caravane arrive enfin au Wadi-Mokatteb (la Vallée-Écrite), à une hauteur de deux cents mètres ; les flancs de la montagne, aussi polis que des marbres préparés exprès, sont couverts d’inscriptions sinaïtiques ; pendant plus de trois kilomètres, ces signes extraordinaires tapissent littéralement les deux versants qui s’élèvent à pic comme deux immenses pages d’écriture.