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L’ORIENT.

Le couvent du Sinaï, placé sur l’endroit où la tradition veut que Dieu même ait donné les tables de la loi à Moïse, a plus l’air d’une forteresse que d’un couvent. C’est une construction solide, hermétiquement fermée, destinée à déjouer les attaques et les surprises ; car les immenses richesses qu’il renferme ont toujours excité les convoitises des barbares et des bandits. Naguère encore, le couvent du Sinaï n’avait pas de porte ; on n’y pénétrait que hissé dans un corbillon, au bout d’une poulie, comme une botte de paille ou un sac de farine dans un grenier. Ce mode d’ascension ne sert plus qu’aux approvisionnements. Les hommes entrent par une porte pratiquée au bas de la muraille comme toutes les portes. La gravure de ce couvent-citadelle nous a rappelé le monastère de Troïtza, près de Moscou, qui a aussi cet aspect guerrier et renferme un trésor où les perles se mesurent au boisseau.

Du Sinaï, nos voyageurs se transportent par des chemins abominables à Pétra, une ancienne ville romaine monolithe pour ainsi