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L’ORIENT.

chimère caressée, M. Maxime Du Camp a pu l’accomplir ; il a bu cette eau si salubre et si légère que ceux dont elle a mouillé les lèvres la préfèrent aux meilleurs vins du monde ; il a navigué dans sa cange sur cette vaste nappe à laquelle les anciens donnaient le nom d’Oceanus, s’enivrant d’aspects merveilleux, s’imprégnant de lumière, remontant le cours du passé avec celui du fleuve ! Heureux homme dont nous serions jaloux s’il n’était notre ami et s’il n’avait écrit son voyage, car c’est un devoir pour ceux qui ont le bonheur de visiter ces contrées aimées du soleil où le genre humain planta ses premières tentes, de raconter ce qu’ils ont vu, appris et retrouvé pendant leurs excursions lointaines. À notre avis, l’homme ne saurait avoir de plus noble occupation que de parcourir et de décrire l’astre qu’il habite.

Débarqué sur la plage d’Alexandrie, espèce de ville franque où le caractère de l’Orient s’est abâtardi ou effacé, et qui n’a pris de la civilisation que la laideur, M. Maxime Du Camp, après avoir jeté un regard à la colonne